Eric Verdier Côtes de Provence "Dodécaèdre" 2020

"Dodécaèdre 2020 est natif d’un sol unique en son genre ! J’ai pu en quarante années de dégustation tâter de la langue tous les plus grands vins du monde issus de ce cépage; du terroir incroyablement complexe de Calistoga en Californie, en passant par la zone de Pirque au Chili; en Autriche, maintenant où certaines parcelles réalisent des prodiges qui feront bien vite parler d’elles; ou encore la Vigna D’Alceo et les grands vins de Bolgheri en Toscane; indubitablement toutes ces zones géographiques, sol, sous-sols, climatologies nous servent des vins magnifiques à la singulière expression. Bien évidemment le Médoc et la commune de Pessac en terre bordelaise continuent à nous proposer à chaque nouvelle récolte des petites merveilles, qui restent encore un mètre étalon pour la viticulture Mondiale. Lorsque en 2013, avec mon ami œnologue Pierre Haccuria (directeur de la cave coopérative de Trets en Provence), nous avons décidé d’isoler les deux parcelles de Bendel et Cadenet pour élaborer une cuvée prestige: la cuvée Dodécaèdre, nous savions que nous avions ici un type de Cabernet Sauvignon sans équivalent ailleurs ! La raison en était simple ! Dans l’absolu on n’aurait jamais dû planter sur ces deux parcelles ce type de cépage ! Syrah passe encore, mais Cabernet Sauvignon ? Impensable, impossible....Quand Pierre me fit goûter le premier essai sur l’assemblage des deux parcelles, le vin 2013, je sus immédiatement que derrière de nombreux défauts dus à un manque de préparation de la vigne, à de trop fort rendements, à une taille inadaptée etc... nous sortirions une pépite dans un avenir très proche. 2014 fut le premier millésime et il fallut attendre 5 ans de bouteille pour qu’il commence à s’exprimer, il est excellent maintenant. Le 2015 lui est évidemment très supérieur, un vin d’une vigueur, d’une puissance de goût qui émerveille les rares propriétaires de la dive bouteille. 2016 est aussi exceptionnel que le 2015, un colosse qui affole les narines et submerge la langue ! Mais vous connaissez mon exigence depuis maintenant 25 ans de Cuvée Éric Verdier ! C’est tellement vrai que pour preuve j’ai déclassé 2017, 2018, 2019... Eh oui, si ce n’est pas l’expression parfaite du goût de son terroir, dans sa véritable expression, je m’interdis de vous le proposer ! C’est certain, je ne serai jamais riche pécuniairement. Mais j’ai le cœur palpitant de joie et la mémoire pleine de miraculeux souvenirs.

Oui, maintenant nous allons dire adieu à la cuvée Dodécaèdre avec cette dernière récolte 2020. Mais sachez que ce vin nous accompagnera (pour certains d’entre nous) jusqu’à notre propre fin, car cette dernière cuvée pourra être conservée dans une bonne cave (30 ans) et se déguster encore parfaitement en 2050 ! Vous le savez, ce n’est pas souvent que je dis ça, moi qui ai toujours adoré les vins dans leur prime jeunesse.... Je ne tomberais pas ici dans le dithyrambe avec le descriptif d’une telle boisson. Les mots parfois manquent et comment rédiger, comment faire le commentaire du fruit de la passion de toute une vie, de l’amour que j’ai pour le grand vin et, devrais-je dire, de la création.... Une partie de moi est dans cette cuvée Dodécaèdre ! Peut-être la meilleure ? Alors pour cette version liquide de votre cher ami, faites-moi encore une petite place dans votre cœur ! Pardon, je voulais dire votre cave... "


Eric Verdier